SOLIDARITÉ MAYOTTE (soutenue de 2013 à 2017, 42 000 €)
Les sommes allouées ont contribué au financement de paniers repas à destination des enfants laissés à eux-mêmes, sur l’île de Mayotte. La prise en charge alimentaire d’un enfant pendant une année étant de 900 € environ, ce sont dix enfants qui ont été aidés, sur les 95 pris en charge par l’association.
Rapport du défenseur des droits, Mars 2013
Reportage Mediapart, mars 2015
Les enfants à l’abandon, ou « mineurs isolés étrangers » selon la formule administrative, sont entre 5 000 et 7 000 et viennent pour l’immense majorité des autres îles de l’archipel. Une partie d’entre eux, estimée à 150, demande la protection de l’État Français du fait de persécutions subies dans leurs pays de provenance ; ce sont les « enfants isolés demandeurs d’asile ». En majorité, ils viennent des pays de l’Afrique des grands lacs, dont les côtes sont proches de Mayotte. Leur séparation d’avec leurs proches représente un déracinement douloureux ; leur arrivée dans un monde étranger, dont ils ignorent le plus souvent la langue et les habitudes, les confronte à l’hostilité et à la précarité. Ceux qui viennent de pays en guerre ont souvent été victimes d’esclavage et de viols ; ils en gardent les séquelles. À leur arrivée, beaucoup rejoignent les bidonvilles de Mamoudzou, la ville principale, où ils sont exposés aux agressions, à l’exploitation, voire à l’esclavage sexuel. La plupart ont recours à des abris de tôles sans eau courante, pour lesquels ils paient un loyer. Afin de survivre, beaucoup sont obligés de laisser tomber l’école et de recourir à des activités d’occasion, comme le travail domestique, le commerce informel, la prostitution. Leur vulnérabilité est donc entière.
Avec ces enfants, Solidarité Mayotte intervient sur deux registres indissociables : celui de la protection de l’enfance et celui du droit d’asile. Les enfants pris en charge bénéficient ainsi d’une aide administrative et éducative, de l’accès aux soins, de prévention en matière de santé, et reçoivent de quoi survivre sous la forme de paniers alimentaires. Ces paniers comprennent des aliments de première nécessité, avec un souci de l’équilibre nutritionnel dans la mesure du possible : riz, manioc, farine, légumes secs, légumes frais, lait, huile, parfois œufs, sardines. Un panier permet un repas par jour pendant une semaine pour un enfant et coûte environ 18 €. La vie sur l’île est excessivement chère, comparée à nombre de pays d’Afrique, parce que la plupart des produits sont importés.
La particularité de Mayotte est d’être une ex-colonie qui n’a pas voté pour l’indépendance en 1974, à la différence d’autres îles de l’archipel des Comores, et qui a ensuite demandé le rattachement à la France par référendum en 1976. Elle est par la suite devenue le 101ème département français, en 2011. C’est toutefois d’un département de seconde zone dont il s’agit, puisque nombre des prestations sociales et familiales existant en France (RSA, CMU, ASE par exemple) ne seront effectives que progressivement. Sur près de 250 000 habitants, 100 000 environ sont en situation irrégulière, pour l’essentiel en provenance des îles environnantes. L’arbitraire légal de la séparation entre nationaux et étrangers est une chose, les liens familiaux et les échanges de toujours au sein de l’archipel en sont une autre.